Tambacounda, 5 avr (APS) – Le parc national de Niokolo Koba (PNNK), classé patrimoine en péril par l’UNESCO depuis 2007, est en train de retrouver son attractivité avec l’arrivée de touristes avides de safari et la présence d’animaux qu’on pensait jusque-là disparus de ce sanctuaire situé à cheval sur les deux régions administratives de Tambacounda et Kédougou (est).
‘’Nous avons enregistré la présence de lycaons et d’éléphants ces derniers temps dans le parc’’, a déclaré à l’APS le conservateur du PNNK, le commandant Jacques Gomis.
Leur présence a été détectée grâce d’abord aux traces qu’ils ont laissées sur place. Celle de beaucoup d'autres animaux dont on pensait qu’ils avaient disparu du parc, a été aussi confirmée par des vidéos filmées par des caméras installées dans le parc, signale-t-il. Il rappelle que ce sanctuaire pour les animaux d’Afrique de l’Ouest abrite des mammifères (antilopes, phacochères, fauves, etc.).
Le PNNK a initié une opération de pose de colliers électronique sur les lions afin de suivre plus facilement les déplacements de ces félins. ‘’On a d’ailleurs capturé sept lions sur lesquels des colliers émetteurs ont été posés. Les léopards, n’en parlons pas, ils existent à l’intérieur du parc, les photos sont là pour le démontrer’’, relève le commandant Jacques Gomis, entouré de ses hommes en tenue de camouflage.
‘’C’est un grand écosystème où il y a beaucoup d’animaux et d’arbres, un parc à haute intensité de biodiversité’’, précise-t-il. Des reptiles amphibiens et des poissons vivent dans les différents cours d’eaux du Niokolo Koba à l’intérieur duquel est suspendu un pont long de plus d’une cinquantaine de mètres.
Trouvé devant l’entrée principale du parc, située dans le village de Dar Salam, le conservateur affiche un style décontracté en ce jour où il reçoit une visite du directeur l’Agence sénégalaise pour la promotion touristique (ASPT), Pape Mahawa Diouf.
A l’intention de la délégation, le commandant Gomis se livre volontiers à un exposé sur les potentialités et les problèmes du PNNK. Avec décontraction, il explique dans les grandes lignes la situation du parc, les conditions de visite, ainsi que les problèmes auxquels il doit faire face avec ses agents dans le cadre de leur combat quotidien pour la préservation de ce patrimoine.
Le paysage offre un décor pittoresque avec des arbres aux feuillages devenus jaunes à cause de la saison sèche. Ce charme est agrémenté par le gazouillement des oiseaux. L’envie de visiter le parc n’en devient que plus grand.
Dès le portail, le visiteur est accueilli par une enseigne en gros caractère avec l’inscription : ‘’PARC NATIONAL NIOKOLO KOBA’’. Sur les murs du parc sont représentées plusieurs espèces animales. Certaines parmi elles ont élu domicile ici, tandis que d’autres se déplacent au gré de la disponibilité de leur pitance quotidienne.
Après une longue séance d’explication du commandant Gomis, c’est sous un chaud soleil que les visiteurs empruntent une piste poussiéreuse pour se diriger vers la marre de Woeni. Au bout d’une quarantaine de minutes de marche, c’est un vaste espace qui s’offre à la vue.
La marre de Woeni, un site de forte concentration d’animaux
‘’Nous sommes à la marre de Woeni’’, lance la chargée de communication du parc, le lieutenant Bineta Ndiongue. Elle explique que c’est entre 6 heures et 8 heures que les visiteurs ont le plus de chance de voir un plus grand nombre d’animaux.
En raison sans doute de l’humidité du sol, les arbres et les arbustes qui entourent le site ont des feuillages encore verdoyants. Bien que l’eau s’y soit retirée, le lit de la marre est tapissé d’herbes fraîches, du fait de la présence de quelques flaques d’eau sur les lieux. Et c’est sans doute pourquoi l’endroit est colonisé par des dizaines d’antilopes et de sangliers qui viennent brouter tranquillement l’herbe. Tout autour d’eux, des oiseaux picorent des insectes. Mais ils s’envolent à l’arrivée des visiteurs du jour.
Cette forte concentration d’animaux sauvages offre un spectacle d’une rare beauté. Les gazelles, pas du tout rassurées par la présence humaine, lèvent leurs têtes par moment pour se tenir prêts à se mettre hors de tout danger, car ici les braconniers font des ravages.
‘’Au petit matin, il y a plus de d’animaux et c’est encore plus spectaculaire’’, explique le lieutenant Ndiongue. Selon lui, ils viennent s’abreuver dans les différents points d’eau et brouter l’herbe fraîche.
Non loin de là , un pont suspendu offre aux visiteurs une vue imprenable sur le Niokolo Koba, un affluent du fleuve Gambie. Une véritable Å“uvre artistique construite de bout en bout avec du fer et dont les marches sont en bois. Le pont bouge à chaque pas qu’un passant pose sur ses marches intercalées entre de petites barres de fer solidement fixées, pour atteindre le côté opposé.
‘’Il y a beaucoup de crocodiles dans le fleuve’’, lance Mme Ndiongue dans un large sourire pour ainsi rappeler la présence de ces reptiles tant redoutés par l’homme. Les crocodiles ne sortent qu’au milieu de la journée pour prendre leur bain de soleil quotidien, indique-t-elle.
Le ‘’camp du lion’’, un site d’hébergement pour touristes
Quelques dizaines de mètres séparent l’endroit du ‘’camp du lion’’, un site d’hébergement qui accueille des touristes férus de safari. Pour atteindre ce fameux camp, il faut emprunter une piste poussiéreuse au milieu d’arbres aux feuilles desséchées.
Au bout de cette piste apparait un poste de gué pour les gardes-forestiers. En contre-bas se trouvent deux rangées de cases rondes destinées aux touristes. Certains parmi eux justifient leur choix de venir dans le parc par leur amour pour la nature et leur désir de voir des antilopes ou d’autres fauves.
Accompagné de sa compagne et de ses enfants, Simon, un touriste belge affiche un air décontracté. Visiblement heureux, il déclare qu’ils ont vu beaucoup d’animaux sur la route.
La tête couverte d’un chapeau de ‘’ranger’’, pour se protéger du chaud soleil qui s’abat sur Niokolo Koba, il dit s’attendre à voir ‘’davantage d’animaux’’. Il s’empresse d’ajouter : ‘’Nous ne sommes pas déçus de notre présence ici’’.
L’un de ses enfants souhaiter voir, entre autres animaux, la panthère, l’éléphant, le serpent, le lion, le scorpion et les singes.
Par moment, des singes sautillent de branche en branche sur les arbres surplombant le fameux ‘’camp du lion’’. Un endroit dont la flore offre une température plus douce comparée à celle ambiante du parc, où le mercure avoisine les 40 degrés.
Le parc est un joyau, l’un des produits les plus importants de la destination Sénégal et celle du Sénégal Oriental en particulier, estime le directeur d’ASPT, Pape Mahawa Diouf. Selon lui, il abrite ‘’des sites incroyables’’, comme la marre de Woeni, le camp du lion, l’hôtel Simenti.
Le Parc national Niokolo-Koba en chiffres
Créé en 1954, le Parc national de Niokolo-Koba (PNNK) est situé dans la région naturelle du Sénégal oriental (Tambacounda, Kédougou). Il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981.
Le PNNK couvre une superficie de plus de 913 000 hectares et compte 700 km de pistes. Il offre un paysage riche et varié, qui concentre presque toutes les espèces végétales et animales des savanes de l’Ouest africain.
Il est traversé par plusieurs cours d’eaux dont le fleuve Gambie et ses deux affluents, le Niokolo-Koba et le Koulountou, où l’eau s’écoule toute l’année.
Le parc compte 80 espèces de mammifères, notamment des antilopes, des phacochères, des lions, des léopards, quelques éléphants, mais aussi l’élan de derby, une espèce d’antilope considérée comme la plus grande en Afrique.
Concernant les oiseaux, près de 350 espèces ont été dénombrées dans le parc, avec une diversité allant des pigeons sauvages aux vautours en passant par les différents types d’oiseaux prédateurs. Plus de 60 espèces de poissons et 1500 espèces de plantes à fleur vivent également dans ce sanctuaire.
‘’C’est un grand écosystème où il y a beaucoup d’animaux, beaucoup d’arbres, un parc à haute intensité de biodiversité", vante le conservateur, Jacques Gomis. Il a toutefois déploré des difficultés résultant de l’orpaillage clandestin, du braconnage et du manque d’aménagement des pistes dans le parc.
A l’en croire, seul un tiers de la superficie du parc est visité. Il s’agit de la zone située dans le secteur de Simenti, précise-t-il. Pourtant, la grande faune vit dans le sud-est, vers Kédougou. Mais l’accès à cette zone est pratiquement impossible.
APS
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