Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké dit Khadimou ar-Rassoul (en arabe : « serviteur privilégié du Prophète » et Serigne Touba (chef religieux, fondateur de Touba), né en 1853 à Mbacké-Baol, et rappelé à Dieu le 19 juillet 1927 à Ndiareme diourbel, est un musulman sunnite, guide religieux, théologien, juriste maléquite et fondateur de sa propre voie soufi.
Il est l’une des figures les plus importantes du soufisme de la région du Sénégal en qualité de fondateur de la confrérie des Mourides. Il fut également un poète en langue arabe. Il marqua l'histoire de son pays dans le contexte de la colonisation française.
Cheikh Ahmadou Bamba est fils de Momar Anta Saly Mbacké, un savant et un Cadi respecté par les rois de son époque. Sa mère Mame Diarra Bousso, plus connue sous le nom de Diarratou Allah (la protégée d'Allah) était une sainte reconnue tant par les Sénégalais que les Mauritaniens.
Cheikh Ahmadou Bamba a composé plusieurs ouvrages de grandes envergures alors qu’il était encore très jeune et étudiait à l'école de son père.
Ses innombrables écrits sur l’islam, l’unicité d’Allah, la perfection spirituelle, la jurisprudence islamique ainsi que ses odes et panégyriques exclusivement dédiés à Allah et au prophète Mouhamed (PSL) attirerent l’attention du monde musulman sur ce saint homme.
A la disparition de son père à Mbacké Cayor en 1881, Cheikh Ahmadou Bamba s’y installe pendant 2 ans dans le dessein d'aider les disciples de son père à approfondir leurs connaissances. Il affirme que le prophète Mouhamed (PSL) lui est apparu et lui a demandé d'éduquer ses disciples par l'étude.
C'est la naissance de la mouridiyyah (la voie qui mène vers Allah). Il fonde Touba (Sénégal) en 1888, un lieu isolé situé à l'intérieur de la forêt de Mbaffar où il resta pendant 7 ans. Cheikh Ahmadou Bamba, un résistant et panafricain face à la colonisation
En 1889, les autorités coloniales constatent que trop de personnes vouaient à Cheikh Ahmadou Bamba, un serment d'allégeance. Une persécution générale s'ensuivit et les mourides furent dépossédés de leurs biens, si bien qu'un exode vers Touba fut organisé.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour inviter le cheikh à se présenter à Saint-Louis, Cheikh Ahmadou Bamba décide le 10 août 1895 d'aller répondre à la convocation du gouverneur en quittant Mbacké Bari.
À Saint-Louis il est placé au siège du gouverneur de l'Afrique-Occidentale française (AOF). Le jeudi 5 septembre 1895, le conseil privé de l’Afrique Occidentale Française prononce sa déportation pour le Gabon, véritable « prison tropicale » où il reste 7 ans.
La tradition mouride précise que le Cheikh est resté 7 ans, 7 mois et 7 jours au Gabon.
L'administration coloniale redoutant que le mouridisme libère les chaînes de la colonisation, justifie alors sa décision injuste en accusant Ahmadou Bamba et ses principaux disciples d'avoir ‘’des attitudes et agissements suspects.
Le 21 septembre 1895, il est embarqué à destination du Gabon où il passe 5 années à Mayumba et 2 ans à Lambaréné.
À Mayumba, il est pratiquement livré à la nature dans des endroits inhabités, sans abri, ni nourriture, à la merci des bêtes sauvages, des intempéries des saisons de la région. L'objectif visé par l'autorité coloniale était sa suppression pure et simple.
Mais loin de neutraliser Cheikh Ahmadou Bamba, cet exil renforce sa sainteté. Le Mouridisme, durant ces 7 années, n’a cessé de se propager à travers le Sénégal
Retour d’exil
Le 11 novembre 1902, Cheikh Ahmadou Bamba, arrive à Dakar. Face à son influence croissante, le pouvoir colonial l’exile à nouveau dès 1903 en Mauritanie. En 1904 à Sarsara, cheikh Ahmadou Bamba affirme avoir vu le prophète en veille et que ce dernier lui aurait remis son propre wird nommé "Al Wird'ul Maahuuzu".
Il y reste de 1903 à 1907. À cette date, l’administration coloniale autorise son retour au Sénégal, mais pas dans son fief : il est assigné en résidence surveillée à Thiéyène (Djolof).
En 1921, le cheikh organise publiquement pour la première fois l'anniversaire de son départ en exil. Il recommanda ensuite aux mourides de rendre grâce à Dieu chaque année à cette date par l'adoration de Dieu, la lecture du Coran et la distribution des repas.
Cheikh Ahmadou Bamba est rappelé à Dieu le mardi 19 juillet 1927 à Diourbel. Il fut inhumé dans sa maison, rattachée aujourd'hui à la grande mosquée de Touba. Son tombeau est un lieu de pèlerinage.
Grand Magal de Touba
Le Magal de Touba est la plus importante fête religieuse de la confrérie mouride (musulmane) du Sénégal. Il commémore le départ en exil au Gabon du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba, en 1895.
Il est célébré à Touba, au Sénégal, depuis 1928, l'année ayant suivi le rappel à Dieu de Cheikh Ahmadou Bamba. En 2011, le grand magal a rassemblé plus de trois millions de pèlerins.
Étymologiquement, magal est un terme wolof qui signifie « rendre hommage, célébrer, magnifier ». Le grand magal consiste à rendre grâce à Dieu.
Le Magal est l’un des événements religieux les plus importants de l’année au Sénégal. Des millions de personnes, en provenance du Sénégal et de l’etranger, se rendent chaque année au Grand Magal de Touba.
A Touba, le tourisme solidaire est plus qu’une réalité. En effet, lors du Magal toutes les maisons sont ouvertes pour accueillir les pèlerins et des repas copieux sont distribués gratuitement partout dans la cité religieuse.
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